Burj Zara

Syrie | Comté de Tripoli

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Toponymes connus

  • Burj Zara - Burǧ Zāra / برج زارة Arabic Contemp.

Description

Français

Histoire

Burj Zara figure parmi les nombreuses tours isolées que les Francs édifièrent dans les fertiles vallons de la trouée de Homs. En cela, elle est un probable vestige de la première moitié du XIIème siècle qui vit les récents vainqueurs de Jérusalem s’implanter dans les campagnes et projeter l’image de leur société fortement hiérarchisée jusque dans les plus petites seigneuries. Modèle de représentation du pouvoir autant que moyen de défense passif contre les attaques arabes, son histoire fut très certainement intimement liée à celle des célèbres forteresses environnantes, qui défendirent durablement le comté de Tripoli : le Crac des Chevaliers, Safita, Arima, Arqua ou encore Tartous.

Burj Zara est totalement ignorée des chroniqueurs latins et arabes, tout comme la quasi totalité des sites fortifiés de cette importance dans la région. C’est au détour des récits des campagnes militaires lancées contre le comté franc, qu’il est possible d’approcher l’histoire de ces fortins mineurs dont les prises accompagnent généralement celles des sites fortifiés de plus grande importance.

Ni les nombreuses campagnes qui exposèrent inévitablement Burj Zara aux armées de l’Islam, ni les tremblements de terre répétés ne surent détruire le donjon franc. C’est aujourd’hui l’un des mieux conservé de la région et un modèle du genre.

Description

Située à moins d’une vingtaine de kilomètres au sud-est de Chastel Blanc, Burj Zara couronne une colline aujourd’hui recouverte par les oliviers. Elle semble avoir été bâti sur la table d’un petit temple antique dont quelques ruines affleurent ça et là. Bien que ses murs soient encore conservés jusqu’à hauteur du toit, elle n’émerge que très légèrement de cet océan de verdure qui risque bien, un jour prochain, de l’engloutir.

Son plan général dessine un carré de 11 mètres de côté. Elle est presque essentiellement réalisée en basalte et seules les arêtes extérieures ainsi que les bordures des différentes ouvertures – porte et archères – sont composées de pierres de taille en calcaire blanc, probables réemplois antiques de la structure prééxistante ci-dessus évoquée. L’ensemble dénote un esthétisme certain, même si l’on est loin de la richesse ayyoubide ou mamelouke en matière de décoration d’ouvrages fortifiés.

Si le volume d’ensemble a un aspect plutôt homogène, il n’en est pas de même concernant l’appareil utilisé. Alors que le niveau inférieur présente des tailles grossières et un appareil irrégulier, les parties supérieures, correspondants au premier étage, sont d’un gabarit plus petit, mieux travaillé et très régulier. Ces deux phases de construction, bien distinctes, pourraient correspondre à des travaux de réparations faisant suite à des dommages subis lors d’opérations militaires ou de désastres naturels.

Une seule et unique porte permettait de gagner l’intérieur de la tour. Celle-ci, défendue par un petit assommoir desservi depuis l’étage supérieur, ouvre aujourd’hui sur le rez-de-chaussée à mi-hauteur de la voûte en berceau partiellement crevée qui en réalisait le couvrement. En face de cette porte, et juste sous le faîte du berceau, un petit jour permettait d’apporter une lumière suffisante à l’éclairage de cette pièce. Il n’est pas à exclure qu’une mezzanine en bois ait un jour divisé ce volume.

Un escalier, partant de la porte d’entrée et noyé dans le mur permet, après un coude à angle droit, de gagner l’étage. Le couvrement est détruit, mais il ne fait aucun doute qu’il s’agissait d’une voûte d’arêtes, les sommiers étant conservés dans chacun des angles.

Les murs étaient percés d’archères à niche distribuées par paires. Seules celles défendant le mur nord sont encore en place, mais la trace des ébrasements est encore visible sur les murs est et ouest. Le mur sud, le plus ruiné, présente la particularité de ne comporter qu’un seul et unique ébrasement, perceptible au niveau du sol. L’emplacement vide que laisse la niche d’archère manquante pourrait bien avoir été consacré à une porte ouvrant sur la volée de marches qui devaient permettre de gagner le toit. Malheureusement, ni des marches, ni de la porte, il ne reste de traces et ceci restera donc une simple hypothèse. Si pourtant cette hypothèse était vérifiée, elle pourrait expliquer le fait que ce soit cette portion de la tour, dont la structure aurait été inévitablement affaiblie par la présence de l’escalier en ses murs, qui ait le moins bien résisté au temps.

Depuis Burj Zara, et ce malgré sa forte proximité avec le Crac des Chevaliers, seule la tour maîtresse que les Templiers bâtirent à Safita est visible.