Vahga
Turquie | Royaume d'Arménie en Cilicie
Visites : 2004, 2009, 2011, 2013, 2017, 2022
Toponymes connus
- Vahga
- Vahka - Վահկա Armenian
- Feke Kalesi Turc Contemp.
- Baka
- Bahgai Arabic
Description
Histoire
Enfouie dans les profondeurs de l’Anti-Taurus, cet imposant massif montagneux qui clot, au nord, la riche plaine cilicienne, la citadelle de Vahga fut le siège de la naissance et de l’enracinement de la dynastie roupénienne dans la région.
Suite à l’assassinat en 1079 par les Byzantins du dernier roi arménien d’Ani, Kakig II, Roupen, parent ou proche lieutenant – les chroniques laissent planer un doute -, échoua avec une bonne partie de la noblesse arménienne en Cilicie, alors que la région dépendait encore de l’Empire. En 1097, son fils Constantin enleva Vahga aux Grecs qui y maintenaient une garnison, posant ainsi le premier jalon d’une occupation arménienne qui allait durer plusieurs siécles.
En une décennie, partis depuis Vahga, des vagues de combats menés par l’impétueux Thoros Ier permirent aux forces arméniennes d’occuper la plupart des grandes villes de la plaine cotière, dont Sis et Anavarza. La réponse de l’Empire byzantin fut à la hauteur de l’affront : dès 1137, le basileus Jean Comnène partit à la reconquête musclée des terres qui lui avaient été arrachées. L’armée impériale ne se trompa d’ailleurs pas en se dirigeant loin au nord, jusqu’à Vagha pour déraciner à sa source l’irrédentisme arménien.
Toutefois, les Byzantins piétinèrent devant la citadelle, malgré une nette supériorité numérique et une maîtrise consommée de la poliorcétique. Après trois semaines de siège, sans que l’une ou l’autre des parties ne prennent un réel avantage, assiégeants et assiégés décidèrent de faire se rencontrer leurs champions respectifs, l’issue du combat devant décider qui, des deux adversaires, garderaient la citadelle. Kostadin, un noble arménien aux proportions peu communes, eut donc la charge de défendre le peuple arménien, contre le Macédonien Eustratios. Après un furieux combat digne des plus belles épopées, le paladin de Byzance apporta la victoire au basileus. Le leader arménien Léon Ier fut capturé quelques semaines plus tard – il n’était pas dans la citadelle lorsque celle-ci fut investie – et emprisonné à Constantinople. Il ne devait jamais revoir la Cilicie.
Au vu des faits qui vont suivre, il semble que ces Grecs « efféminés » missent moins d’acharnement à défendre Vahga qu’à s’en emparer. Moins de deux ans après le combat épique qui leur permit de s’emparer de la place, Mohamed Ibn Ghazi, l’émir Danishmendide, emporta sans grosse difficulté la citadelle. il allait la céder à son tour en 1145, moins de dix ans plus tard – la date exacte n’est pas connue. En effet, échappé de Constantinople, Thoros II, fils de Léon Ier, se consacra à redonner vigueur au rêve de ses ancêtres et reprit rapidement la citadelle. Ayant rallié les anciens barons de son père, ses prétentions à la souveraineté le lancèrent alors une nouvelle fois vers le sud et la plaine depuis le berceau dynastique de Vahga. A la manière de son grand-père il finit par arracher aux Byzantins la plupart des grandes villes de la plaine.
La citadelle de Vahga n’apparait plus alors que de façon anecdotique. Nous retiendrons qu’en 1275 le patriarche de Sis y trouva refuge alors que cette dernière, capitale du royaume, était constamment harcelée par des armées mameloukes. Les murs de la citadelle ne purent retenir les nuées turcomanes et mameloukes aux heures graves du royaume. La date de sa chute finale n’est pas connue.