Gibelin
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Toponymes connus
- Gibelin Med.
- Bethgibelin
- Ibelin de l'Hospital Med.
- Eleutheropolis Latin
- Beit Gebrin - Beit Gebrin / بيت جبرين Arabic Contemp.
- Begebelinus Latin
Description
Histoire
La forteresse de Gibelin, sise à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, fut érigée par les Francs au temps du roi Foulques. Le monarque angevin, conscient de la menace que représentaient les forces fatimides en garnison à Ascalon pour les campagnes environnantes, avait en effet entrepris à la fin de son règne, la sécurisation de ces contrées par l’édification d’une ceinture de bastions couvrant le versant occidental du massif judéen.
La construction de Gibelin fut entreprise dès 1134, bientôt suivie par celles de Ibelin en 1141, puis BlancheGarde en 1142 et enfin Gaza en 1150.
Etablie sur une faible éminence au milieu des vestiges de l’antique ville romaine d’Eleuthèropolis, la citadelle commandait un carrefour de pistes reliant la Philistie à l’intérieur des terres. Forte de ses deux puits, ( Bir al-Kala “un puis où il vint si grand planté d’eue que il li mist nom ‘Abondance’” et Bir al-Hammam ) elle constituait également un important point d’eau en ces contrées désolées…
Les chroniques franques racontent que le patriarche de Jérusalem Guillaume de Messine vint diriger en personne les travaux, avec l’assistance des barons du domaine royal et le renfort des habitants de la région. Réutilisant les vestiges de la ville antique, les bâtisseurs firent fort bel ouvrage : « Forz murs i firent et hauz. Torneles grosses, fossés parfonz, barbacanes bonnes".
La construction fut vraisemblablement terminée vers 1136, date à laquelle le roi Foulques la confia à l’ordre de l’Hospital, lequel était déjà propriétaire de dix casaux environnants, suivant donation d’Hugues de Saint Abraham.
L’histoire connue de la Bethgibelin franque s’arrête ici.
Description
De récentes excavations menées sur le site révèlent que Gibelin fut en vérité construite en deux temps.
La première campagne de construction – vraisemblablement celle diligentée par le roi Foulques – eut pour objet l’élaboration d’une forteresse simple, consistant en un castrum flanqué de tours d’angle, enserré dans une enceinte englobant en ses fronts nord et ouest de plus anciennes structures (vraisemblablement des pans de courtines et tourelles provenant de la ville antique). La multitude des remplois, l’hétérogénéité des pierres utilisées engendrèrent d’importants espaces entre les blocs, lesquels furent jointoyés, et, par endroits, ornés de chevrons.
L’accès se faisait sur le front sud-ouest au moyen d’une porte défilée, encadrée par deux tours, dont l’une fortement excentrée par rapport au tracé de la muraille. La porte était défendue par une herse dont subsiste encore les rainures. Plusieurs sas devaient être ensuite franchis avant d’atteindre le noyau castral, occasionnant un véritable cheminement au sein de la place et le long des enceintes.
Le castrum interne contenait tous les éléments nécessaires à la vie d’une garnison : un premier niveau servait principalement d’entrepôt alors que le second tenait lieu de casernement à la garnison. A l’ouest du castrum , quelques fours et des vasques ont été retrouvés. Au sud de l’ensemble, se trouve un réfectoire, édifice ponctué de huit vôutes et menant jadis à la chapelle par un escalier accolé au mur. Une basilique fut par la suite accolée au castrum sous le règne d’Amaury Ier, donnant lieu au démantèlement de la tour d’angle sud-est.
La seconde campagne de construction paraît avoir été menée peu après la remise de la forteresse aux Hospitaliers. Contrairement au premier programme, le second semble beaucoup plus réfléchi, englobant les ouvrages antérieurs dans une seconde enceinte d’une qualité d’exécution bien supérieure.
L’enceinte enveloppante, adoptant la forme d’un quadrilatère irrégulier, est ponctuée de tourelles carrées légèrement saillantes et comportant deux niveaux, liés entre eux par un escalier ménagé dans l’épaisseur de la muraille. Des meurtrières à ébrasement simple percent les flancs et le front de chacune de ces tours.
Il est à noter la présence d’un amphithéâtre romain conservé pour des raisons obscures par les Francs dans l’espace ménagé entre les deux enceintes.
La forteresse de Gibelin éclaire parfaitement l’histoire de la présence franque dans la région : d’abord simple forteresse appuyant la fin de la conquête du royaume de Jérusalem, puis forteresse inaugurale d’un ordre en pleine militarisation, elle est réputée être la première forteresse concentrique de Terre Sainte, servant de modèle à toute une génération de constructions à venir, Belvoir en étant la quintessence…
Une légende – rapportée par l’émir Ousâma Ibn Mounqidh- veut qu’un musulman ait pratiqué une très longue galerie dans la colline de tuf sur laquelle est sise Gibelin afin de délivrer son émir prisonnier des Francs dans un cul de basse fosse..