Yanık Kale

Turquie | Royaume d'Arménie en Cilicie

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  • Yanık Kale - Yanik Kale Turc Contemp.

Description

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Description

Le site Yanık est dans le district de Karaisalı, dans la province d’Adana. Il se trouve au nord-ouest d’Etekli, dans une petite plaine née d’un léger élargissement du profond canyon de l’Eğlence Çayı. Le site est dominé et en lien visuel direct avec la forteresse Keçi. Il est proche (environ 1500 m) de deux grandes églises triabsidiales aux caractères arméniens.

Les vestiges sont dominés par une grande tour monastique préservée sur quatre niveaux. Elle s’intègre à un vaste complexe architectural comprenant une grande église triabsidiale et un ensemble de salles accolées. Une grande salle isolée et les vestiges d’un probable cimetière viennent compléter l’ensemble monastique le mieux conservé du royaume d’Arménie en Cilicie.

On y relève plusieurs inscriptions arméniennes, un cadran solaire gravé sur la grande église, un linteau de porte monumentale frappé d’une grande croix et des khatchkars de différentes tailles dont certains sont encore en place.

La tour est à plan régulier, avec un coeur rectangulaire renforcé de quatre tourelles d’angle, à la manière de Sinap (Lambron) et Sinap (Çandır) ou Hebilli.

Son élévation est préservée sur quatre niveaux niveaux. Le rez-de-chaussée, malheureusement totalement comblé, et le premier étage utilisent un appareil de moellons larges dont la face visible présente un bossage rustique bien dégagé par un liseré ciselé assemblés en un appareil régulier. les moellons du troisième niveau, encore préservé, ont eux des faces parfaitement dressées. L’effet visuel est remarquable.

On entrait dans la tour par une porte située au rez-de-chaussée. Elle était défendue par une bretèche dont les fragments du petit avant-corps rectangulaire sont encore en place.

On joignait le premier étage puis le second par des escaliers aménagés dans l’épaisseur du mur est. Pour atteindre le troisième étage, le dispositif était constitué d’un escalier de pierre associé à une trémie dans la voûte.

Le premier et le deuxième étage, voûtés, sont percés d’archères à niche. Elles sont distribuées par groupe de deux sur chacune des faces sud, ouest et nord de la tour. La face est, du fait de la présence de la porte, de la bretèche et des escaliers, en est démunie.

Au premier étage, les archères sont sous linteau monolithe taillé en voussure segmentaire et les niches sont couvertes de linteaux plans reposant sur sommiers en console. Il s’agit d’un modèle d’archère rare en Cilicie. Une seule autre occurrence de ce type d’archère a été reconnue en Cilicie, à Silifke.

Au deuxième étage, elles sont à linteau plat sous niche voûtée en plein cintre. Il s’agit cette fois d’un modèle courant dans l’architecture forte arménienne en Cilicie.

Pleines au rez-de-chaussée, les tourelles contribuent aussi au plan de feu. Les quatre sont munies, à partir du deuxième étage, d’une petite salle circulaire sous coupole permettant de servir trois archères rayonnantes à ébrasement simple et linteau plat.

La tour de Yanık est équipée de latrines aménagées à la manière
d’une bretèche, portées par deux consoles doubles en quart de rond, et implantées au niveau d’un des angles de raccordement d’une tourelle. On y accède depuis l’intérieur du premier étage, au moyen d’un petit couloir biais. La tour résidence de Kız (Dorak), comporte des latrines quasiment identiques au premier étage de l’appartement nord.

De manière tout aussi exceptionnelle, le programme du premier étage comporte aussi un petit oratoire aménagé dans l’épaisseur du mur est. Le couvrement du percement de son chevet est réalisé au moyen d’un élégant linteau plat à bossage à motif d’archivolte, le tympan orné d’une croix incisée. Sous la croix, on peut lire une date en langue arménienne (ՈՂԹ / 699 = 1250) qui est probablement celle de la construction de la tour.