Baghras

Turquie | Principauté d'Antioche

Visites : 2003, 2004, 2007, 2010, 2023


Toponymes connus

  • Baghras - Baġras / بغرس Arabic Contemp.
  • Gaston Med.
  • Pałras - Bałras / Բաղրաս Armenian Med.

Description

Français | Deutsch

Histoire

Contrôlant au sud l’accès au col de Belen, cette forteresse était, à l’époque des Croisades, d’une importance primordiale pour la défense du front nord de la Principauté d’Antioche. Connue alors sous le nom de Gaston ou Gastin – venant sans doute du grec Castron ; aujourd’hui Baghras -, elle passa sous contrôle franc dans les années 1150, sans que l’on sache précisément les circonstances de sa prise.

Ce qui est avéré, c’est qu’en 1154, les frères du Temple y tenaient garnison, puisque certaines chroniques relatent comment les Templiers de Gaston surprirent et anéantirent le corps de troupe lancé par le Sultan Mas’ûd dans le défilé de la Portelle.

Vers 1170, le château fut enlevé aux Templiers par l’aventurier arménien Melier (Mleh), renégat de l’Ordre, passé à la solde de Nur al-Din. A sa mort, en 1175, ses anciens “frères” réinvestirent la citadelle. Treize ans plus tard, le 26 septembre 1188, le sultan Saladin s’en empara aisément (ses défenseurs ayant reçu l’autorisation de se rendre du prince d’Antioche, le pâle Bohémond III), avant de la démanteler en 1190 à l’annonce de l’arrivée des contingents de Frédéric Barberousse…

Ce fut le chevalier Foulques de Bouillon qui reprit possession de la citadelle, pour le compte de son cousin le Prince Léon II d’Arménie (proclamé roi d’Arménie en 1198). Ce dernier s’y établit en 1191 et y opéra d’importants travaux de remise en état.
Malgré les réclamations incessantes – et parfois musclées – des Templiers, mais aussi les interventions répétées du Pape Innocent III, le souverain arménien – finalement excommunié en 1205 – ne consentit à rendre Gaston à ses anciens propriétaires qu’en 1211 (après qu’une expédition organisée par les Templiers, aidés en cela par le prince d’Antioche Bohémond IV et cinquante chevaliers du roi de Jérusalem Jean de Brienne, eut ravagé la Cilicie). Le roi d’Arménie ne tint finalement sa promesse qu’en 1216.

La forteresse resta ensuite de longues années le fruit de multiples brouilles opposant Arméniens et Templiers, jusqu’à ce que ces derniers, jugeant inutile de la défendre face aux armées de Baïbars – qui venaient de s’emparer d’Antioche -, ne l’abandonnent après y avoir mis de feu.

Description

La citadelle se dresse sur un piton rocheux aux flancs escarpés, plus particulièrement sur le côté ouest, si bien que les défenses ont été surtout établies sur les autres fronts. Du coté oriental, par lequel se faisait l’accès, se trouvent deux enceintes dominées par un imposant donjon rectangulaire, le tout construit en petit appareil. Dans la cour se trouvent une grande salle et les vestiges d’une église à chevet plat percé de trois longues ouvertures qui était encore bien conservée avant le tremblement de terre de février 2023. Entre ces deux ouvrages, on remarquera la présence de chambres souterraines, soutenues par d’énormes piliers. Ces chambres additionnées aux nombreux corps de logements sur le reste du site, permettent de conclure que la place pouvait entretenir une importante garnison.

A noter également au sud-ouest du site la présence d’un aqueduc de 18 m de haut en partie conservé, qui reliait la forteresse à la montagne, d’où jaillissaient plusieurs sources. Au pied de la forteresse, sourd une petite mais fameuse source connue, à l’époque médiévale, sous le nom de “fontaine de Gastin”.