Tumil

Turquie | Royaume d'Arménie en Cilicie

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Toponymes connus

  • Tumil Turc
  • Tırmıl Tepe Turc Contemp.
  • Turmil Turc
  • Termelle Kalessi Turc

Description

Français

Description

Tumil se trouve dans le district de Tarse, dans la province de Mersin. Le petit fortin couronne un tell dominant la plaine, à quelques kilomètres au nord-est du centre historique de Mersin. Il est aujourd’hui cerné par les zones d’activité et les lotissements périurbains. Le tell est proche du grand axe historique qui conduisait de Mersin à Adana, sur lequel le fortin exerçait probablement un contrôle assez direct. Les qualités de cette position sont confirmées par les récits des orientalistes, voyageurs et marins qui mentionnent régulièrement l’existence du fortin à l’occasion de leur passage dans la plaine cilicienne ou le long de la côte. Le toponyme employé dans leurs différentes publications varie légèrement : Tumil, Turmil, Termelle Kalessi ou encore Tirmil Tepe. Aucune information sur son histoire avant cette période ne nous est parvenue.

Le tell, haut d’un peu plus d’une dizaine de mètres, est de nature anthropique. Malheureusement, le monument est aujourd’hui presque totalement ruiné sur toute sa moitié sud. Néanmoins, les vestiges semblent indiquer un ouvrage de plan rectangulaire, enserrant un espace d’environ 600 m2 enclos, ceinturé par un mur épais d’environ 2 m.

Les parties de l’enceinte conservées montrent des dispositions particulières qui interrogent quant à sa fonction et à sa relation à son environnement. La courtine nord rectiligne reste perceptible sur toute sa longueur, avec seulement quelques assises en élévation. L’ouvrage le mieux conservé est une tour de plan en fer à cheval outrepassé, implantée avec une saillie prononcée sur l’angle des courtines nord et est. La base de l’ouvrage forme un léger talus qui paraît se prolonger dans les assises légèrement gradinées de la fondation, en partie dégagée par l’érosion du tell. L’espace intérieur de la tour, sur l’unique niveau conservé, est exempt de baies vers l’extérieur. Il est couvert d’une voûte appareillée, dont le profil est très légèrement surbaissé. La salle était fermée par un mur de gorge, encore bien lisible dans ses arrachements à l’angle des courtines. Il formait un pan coupé dans l’angle de la cour du fortin. L’accès et peut être l’éclairage de la salle s’effectuaient par cette façade tournée vers l’intérieur du fort.

À l’angle opposé du front nord, la courtine s’infléchit pour former une tour de plan en fer à cheval, fermée par un mur de gorge, flanquant uniquement la courtine occidentale. Comme la tour NE, ce saillant s’élève sur une base talutée.

Malgré l’état très lacunaire des vestiges, ces variations indiquent une conception globale de l’ouvrage qui s’affranchit de toute symétrie et de toute régularité pour s’adapter à son contexte, c’est-à-dire en l’occurrence essentiellement à son orientation. La saillie importante de la tour NE pourrait se justifier en relation avec la route que l’ouvrage est supposé contrôler. La voûte portait probablement un étage supérieur surmonté d’une terrasse découvrant la plaine. La tour peut aussi être envisagée en relation avec la porte de l’ouvrage, qu’elle pourrait avoir contribué à protéger. Il faudrait alors l’imaginer percée dans la courtine est. En l’état actuel des vestiges, on ne peut aller plus loin dans cette hypothèse, alors que les pentes du tell ne livrent aucun indice quant à la position d’un éventuel chemin d’accès.

Avec ces caractéristiques et celles de sa maçonnerie, sans trace de reprise, le monument de Tumil apparaît donc comme un fortin homogène, à cour découverte, dont le plan globalement barlong s’adapte au plateau du tell qu’il réoccupe, et dont les flanquements correspondent au contexte environnant : route au nord, plaine littorale moins praticable au sud, accès probable par l’est. Ce sens de l’adéquation du site à son contexte et la formule architecturale de la tour NO évoquent plutôt la tradition arménienne des ouvrages de montagne.