Recordane
Toponymes connus
- Recordane Med.
- Recordana Med.
- Tell Afeq - تل افيك Arabic
- Tell Kurdana Arabic
- Tel Afek - תל אפק Hebrew Contemp.
Description
Histoire
Le casal de la Recordane – jadis Tell Kourdaneh , aujourd’hui Afeq – n’est mentionné dans les chroniques qu’à partir de 1154, date de son acquisition par l’Ordre de l’Hospital. Idéalement situé aux sources du nahr al-Na’mein (le fleuve Belus des Francs), entouré de terres marécageuses, ce casal surveillait le Basset el-Kerdan ou Palus Cendiva , retenue d’eau existant sans doute depuis l’Antiquité. Il comprenait quelques moulins à eaux régulièrement cité dans les chartes, lesquels fonctionnaient toujours en 1925.
Conquise par Saladin après le désastre de Hattin, la Recordane connut sous ses murs une bataille rangée entre les troupes ayyûbides et franques durant le siège d’Acre.
En cette fin d’année 1190, dans l’attente de l’arrivée des Rois de France et d’Angleterre, les troupes franques s’enlisaient dans une guerre de position éprouvante. Craignant une démoralisation générale, les barons, conduits par Frédéric de Souabe et Hugues de Champagne, décidèrent de lancer une marche vers Caiffa.
Le 12 novembre 1190, une puissante colonne franque marcha sur Tell al-‘Ayâdiya, puis remonta la rive orientale du nahr al-Na’mein passant par le casal de Doc pour arriver à La Recordane.
C’est précisément cet endroit que les troupes ayyoubides choisirent pour assaillir l’armée franque et la bataille, au témoignage des sources médiévales, fit de nombreuses pertes de part et d’autre : Malgré leur infériorité numérique, « Les Francs, leur infanterie formant comme un mur, demeuraient rivés au sol, impassibles ». Cette résistance ne leur permis toutefois pas de poursuivre leur route vers Caiffa et ils s’en retournèrent rapidement vers Acre le 14 novembre 1190.
Le casal est ensuite mentionné dans le cadre de la longue querelle qui opposa les ordres Hospitalier et Templier (propriétaire du casal de Doc, légèrement au sud, lequel comprenait également des moulins) relative à la propriété et l’exploitation des eaux du fleuve. Cette querelle ayant pris naissance en 1235 semble s’être finalement réglée par un accord signé à Acre en 1262.
Pour appréhender une telle querelle, il faut comprendre l’enjeu économique fort que le contrôle de l’eau avait pour la région. L’existence d’un accord entre le roi Baudouin III de Jérusalem et un certain Rainald le Fauconnier (peut-être le seigneur de la Recordane ?) révèle que la Recordane fut un des casaux lucratifs dédié au commerce du sucre. Cet accord autorise le roi à détourner le fleuve Belus en autant de cours d’eau qu’il voudra pour l’exploitation de plants de cannes à sucre à condition que, tous ses frais couverts, le roi accorde à Rainald le cinquième de son gain, et, sur tous les moulins d’Acre, les mêmes droits que ce dernier avait déjà sur ceux du fleuve Belus.
Ruinée par le sultan Baïbars, la Recordane reste dans le giron des Hospitaliers aux termes du Traité du 29 mai 1267, la terre environnante étant attribuée pour moitié aux Mamelouks. Une dernière mention apparaît en 1283 dans un nouveau traité laissant, une dernière fois, la propriété du casal aux Hospitaliers.
Sous le mandat anglais, le site fut occupé – et bétonné – par l’armée de sa majestée, jusqu’en 1948. Il est aujourd’hui ouvert aux touristes.
Description
Le site se compose d’une tour à laquelle sont accolés deux bâtiments civils, lesquels renfermaient les fameux moulins.p. La tour est aujourd’hui constituée d’un premier niveau voûté d’arête et d’un second voûté en berceau, le passage de l’un à l’autre se faisant par un escalier coudé aménagé dans l’épaisseur des murs. Le niveau le plus élevé ne possède aucune trace de couronnement et l’on ne peut exclure qu’il y eut au moins un étage supplémentaire.
Trois archères défendant la tour sont toujours en place : deux sur la face Nord et une sur la face Sud. Toutes présentent un étrier finement travaillé à leur base. Pour défendre la porte qui perce la face ouest, une bretèche portée par deux consoles, toujours en place, avait été aménagée.
L’état de l’angle Nord-Est de la tour porte les symptômes d’un arrachement et il n’est pas impossible que la structure ait pu être plus longue.
Les moulins sont eux aussi bien conservés. Celui situé au sud fut agrandi pendant la période ottomane, mais le canal d’alimentation principal, franc, est resté inchangé. Celui qui fut placé au nord de la tour est encore mieux préservé et ne subit aucune évolution majeure pendant les siècles qui suivirent le départ des Francs.