Aila
Jordanie | Terre d'Oultre Jourdain
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Toponymes connus
- Aila
- Eilat - אילת Hebrew
- Ayla - ايلة Arabic Contemp.
- al-ʿAqaba - العقبة Arabic
Description
Histoire
Le roi Baudouin Ier de Jérusalem, artisan de la conquête de la Terre d’Outre Jourdain, avait pour projet ultime l’occupation de l’Arabie Pétrée, préalablement à la conquête de l’Egypte fatimide.
A diverses reprises, cet infatigable conquérant s’était aventuré de l’autre côté de la Mer Morte et avait parcouru le sillon d’Idumée. Après avoir affermi la présence franque en ces contrées par les constructions successives des forteresses du Val Moyse et de Montréal (1115), c’est vers Aïla sur la Mer Rouge qu’il dirigea en août 1116 une importante expédition, escortée par une caravane de mulets portant le ravitaillement. Les habitants d’Aïla, surpris jusqu’à l’épouvante de voir des Croisés parvenus en cette contrée jusqu’alors épargnée, s’enfuirent sur leurs navires.
Les Francs, en cet fin d’été brûlant, se remirent de leur fatigue dans les eaux du Golfe d’Aqaba, s’adonnant même, racontent les chroniques, aux plaisirs de la pêche.
Ces « vacances » n’en furent pas moins productives, puisqu’ils en profitèrent pour fortifier ou refortifier la petite île de Qureiyé (aujourd’hui Jazirat Fi’rawun ) – l’île de Grayé pour les Francs – à quelques huit kilomètres de la côte égyptienne.
Délaissant par ailleurs le site de l’antique Aïla, ils bâtirent également une petite citadelle un kilomètre plus au sud, près d’une anse plus appropriée aux activités maritimes que ne l’était l’ancienne ville.
La mainmise franque sur le pays – de la Mer Morte à la Mer Rouge – était telle qu’aucune liaison ne fut dès lors possible sans risques inconsidérés entre l’Egypte et la Syrie : le monde musulman était bel et bien séparé en deux isthmes.
En 1170, Saladin mit fin à cet état de fait en mobilisant une flottille en Mer Rouge afin de s’emparer des fortins francs du Golfe d’Aqaba. Ce faisant, il fit transporter des navires entiers en pièces détachées à travers la péninsule sinaïtique jusqu’aux environs d’Aïla qu’il assiégea par terre et mer. Vers la mi-décembre 1170, Aïla et l’île de Grayé furent emportées et leurs maigres garnisons conduites en captivité au Caire.
Quelques années plus tard, lorsque Renaud de Châtillon devint sire d’Outre Jourdain, la proximité de la Mer Rouge aiguisa bien vite ses ambitions et il ne fallut que peu de temps avant qu’il ne cherche à réoccuper Aïla.
Procédant de la même manière que Saladin, Renaud fit monter dès la fin de l’année 1182 à Kérak des navires, qu’il fit acheminer en pièces détachées jusqu’aux environs d’Aïla, hors du regard de la garnison laissée en place par Saladin.
La ville avait alors beaucoup souffert des intempéries et en était devenue indéfendable, si bien que la garnison ayyoubide s’était retirée sur l’île fortifiée de Grayé. Laissant quelques navires devant cet îlot négligeable au regard de l’immensité de leur entreprise de terreur, Renaud et ses pirates se dirigèrent ensuite plus au Sud, vers d’autres aventures.
Le blocus d’Aïla fut finalement levé par l’amiral Housam el-Din Lûlû ( mi-février 1183), qui, fort de la surprise, anéantit complètement la flottille laissée par Renaud devant Grayé dont seuls quelques hommes purent en réchapper.
Des Francs basés à Aïla pendant près de cinquante cinq ans (1116-1171), on ne sait pratiquement rien. Sans doute furent-ils les douaniers d’un paisible port un peu trop éloigné de Jérusalem.
Description
Récemment, des fouilles menées au cœur de la ville moderne d’Aqaba ont révélé l’emplacement de l’antique Aïla, celle-là même que les Croisés négligèrent pour s’installer plus au sud. Cette ancienne ville byzantine, devenue par la suite musulmane, présente aujourd’hui à ciel ouvert ses anciennes murailles, ses portes, son ancienne basilique ainsi que quelques bâtiments civils.
C’est plus au sud qu’il faut chercher les vestiges laissées par l’histoire médiévale. En effet, bien conservé, au milieu de son agréable palmeraie, un fort édifié par les Mamelouks se dresse encore sur le bord de mer. Il semble par endroit que les bases des courtines et des tours trahissent une origine plus ancienne et familière. Peut-être s’agit-il là des restes de l’ancien fortin franc qui gardait jadis le port d’Aïla ?
Les amateurs profiteront du petit musée situé non loin de là, présentant quelques reliques intéressantes.