Isa
Turquie | Royaume d'Arménie en Cilicie
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Toponymes connus
- Isa - Işa Turc Contemp.
Description
Histoire
Cerné par de puissants et entreprenants voisins, le royaume de Petite Arménie n’eut de cesse au cours des quelques siécles de son existence d’élever murailles et tours pour protéger son intégrité territoriale sans cesse menacée. Constituant un remarquable rempart naturel face au monde seljoukide qui s’étendait plus au nord, le massif du Taurus fut tout de même puissament fortifié. C’est donc à une chaîne d’innombrables ouvrages militaires de toutes tailles que revint la garde des quelques passes le franchissant ainsi que celle des communautés agraires qui malgré les rigueurs naturelles surent s’y établir et prospérer.
Le fort d’Isa est l’un des nombreux maillons de cette chaîne défensive. Bien loin de la force de certaines de ces puissantes voisines – Meydan, pour ne citer qu’elle -, cette forteresses de faible importance n’en reste pas moins un témoin vivant du soin que les Arméniens mirent à contrôler et à défendre leurs vastes territoires, tout autant que celui des moyens considérables mis en œuvre pour leur protection.
Malheureusement, de la vie dans ces montagnes à l’époque où les Arméniens en étaient encore maîtres, nous ne savont pas grand chose et d’Isa tout comme de ses homologues proches, l’histoire n’a rien retenu. Il semble malgré tout qu’une fois arrachées aux chrétiens, les implantations furent largement délaissées. Aujourd’hui encore, les foyers de peuplement se limitent à de simples bourgades trés faiblement peuplées et à peine reliées au réseau des routes carossables.
Description
Accroché à un léger escarpement qui domine une large vallée s’ouvrant vers le nord, Isa est un fort de faible importance particulièrement soigné. De forme générale carrée, les courtines suivent lâchement la forme du rocher sur lequel repose leur assiette. Largement ruinées, certaines parties restent remarquables.
On retiendra ainsi la porte d’entrée, flanquée par deux tours semi-circulaires, elle même protégée par un assomoir. Les parements des tours portent des bossages grossiers tandis que ceux employés pour les courtines furent plus travaillés et présentent des faces lisses.
Par ailleurs, la présence d’une chapelle castrale sur un site de cette dimension est remarquable. Ses proportions sont identiques à celles que l’on rencontre dans la plupart des forteresses arméniennes de Cilicie et même si son chevet a été arraché, sa courte nef est encore parfaitement en place. L’entrée, placée perpendiculairement à l’axe de la nef est toujours frappée d’une jolie croix sur l’un de ses jambages.
Deux archères à niches méritent aussi l’attention. Défendant, pour l’une la courtine sud-est et pour l’autre la courtine sud-ouest, elles s’inscrivent, là encore, dans la plus pure tradition arménienne et sont en cela des copies presque conformes de celles que l’on croise inévitablement en voyageant dans cette région de l’actuelle Turquie.
Isa est un ouvrage qui, malgré sa ruine avancée et sa faible importance se présente encore comme un condensé de nombreux procédés de construction militaire arméniens. La qualité de sa réalisation est sans nul doute une seconde empreinte de ses maîtres d’oeuvre.
En contrebas du site choisi pour édifier le fort, une fontaine maçonnée pourrait bien être un autre vestige de ce moyen-âge florissant. Finement appareillée, l’eau y est encore vive et il est impossible de ne pas rapprocher cet ouvrage d’autres, similaires, que l’on rencontre en Cilicie Trachée par exemple.