al-Habis

Jordanie | Terre d'Oultre Jourdain

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  • al-Habis - al-Ḥabīs / الحبيس Arabic Contemp.

Description

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Histoire

La forteresse de al-Habis occupe le sommet d’un piton rocheux dominant le cœur de l’antique cité nabatéenne de Pétra. Occupée dès le VIIème siècle avant la naissance du Christ, cette riche vallée fut une station caravanière incontournable pendant des siècles avant de connaître un lent déclin. L’intérêt stratégique du site ne fut pourtant pas sous estimé par les Francs qui ne tardèrent pas à garnir les environs de plusieurs forteresses : si le Val Moïse est la plus importante de celles-ci, connue sous le nom de la colline sur laquelle elle est bâtie – al-Habis – n’a pas encore révélé tous ses mystères…

Le site fut certainement choisi pour son inaccessibilité : protégé de tous côtés par des falaises abruptes, le seul chemin d’accès aux structures qui couronnent l’ensemble s’effectue par un étroit escalier maçonné, efficacement défendu par quelques points fortifiés de part et d’autre de cette rampe artificielle. Le plan d’ensemble du fortin a été entièrement dicté par cette topologie accidentée. On distingue néanmoins une basse-cour, une cour haute ainsi qu’un petit réduit dominant la position.

Quelques éléments sont remarquables, notamment certains fragments de courtine présentant quelques meurtrières dont la facture paraît très semblable à celles que l’on peut observer au Val Moïse. De même, l’accès à la grande citerne et l’arche isolant le réduit de la cour haute sont autant de parties étonnement bien conservées qui attestent sans aucun doute du travail des Francs. Les Nabatéens avaient eux aussi façonné le site : les escaliers taillés dans la roche et les quelques niches destinées à recevoir des idoles en sont encore de vivants témoignages. Par endroits, les Francs ont réutilisé le travail accompli précédemment, et l’on observe même quelques mises en boutisse de fragments de colonnes romaines provenant probablement du Qasr al-Bint qui se trouve aux pieds du piton.

Comme aucune chronique ne mentionne d’importants combats pour la prise de al-Habis, on peut penser que le site fut ruiné par les tremblements de terre qui secouèrent la région au cours des siècles (notamment en 1201-1202). Cela expliquerait le fait que, lorsque le pèlerin Thiétmar visita Pétra en 1217, il décrit la colline fortifiée de al-Habis comme un monceau de ruines inhabitées.

Plusieurs théories existent quand à la nature de ce petit fort. La plus probante le présente comme un camps retranché qui aurait été investi par les Francs suite à la prise du Val Moïse par les Turcs en 1144, entretenu ensuite afin de garantir, en cas de perte de cette forteresse importante, un réduit sécurisé permettant de mettre à l’abri une petite garnison. On peut ainsi se plaire à imaginer qu’en 1188, lorsque les armées de Saladin enlevèrent le Val Moïse, une partie des défenseurs put se replier sur al-Habis , dans l’attente de voir venir d’hypothétiques renforts.