Bessan, le

Israel | Royaume de Jerusalem


Toponymes connus

  • Bessan, le
  • Scythopolis Latin Antiq.
  • Beissan - Beīssān / بيسان Arabic
  • Beit Shean - בית שאן Hebrew Contemp.

Description

Français

Histoire

La localité de Beit Shean, située dans la vallée du Ghûr à une trentaine de kilomètres au sud du lac de Tibériade, est habitée depuis la plus haute Antiquité. Passant au fil des époques aux mains des Egyptiens, des Cananéens puis des Hébreux, la ville fut rebaptisée Scythopolis (« la ville des Scythes ») au cours de la période hellénistique, pour atteindre son apogée sous la domination romano-byzantine.

Scythopolis, conquise par les Arabes en 635, fut renommée Beîsan (ou Bethsan) et déclina inexorablement, avant d’être complètement dévastée par un tremblement de terre, en 749.
Ce fut donc une ville en ruines que découvrirent les Croisés lors de leur conquête de la Galilée…

Suite à la prise de Jérusalem en 1099, nombres de barons étaient rentrés en Europe, une fois leur vœu accompli. Godefroi de Bouillon, promu par ses pairs « Avoué du Saint Sépulcre », ne conservait auprès de lui que quelques preux, parmi lesquels figurait Tancrède, l’intrépide neveu de Bohémond de Tarente. Godefroi, connaissant les qualités militaires et humaines de Tancrède, le chargea d’entreprendre la conquête de la Galilée, en lui inféodant la « princée » de ce pays.

Le Normand, qui n’en demandait pas tant, se mis bien vite à la besogne : après avoir occupé sans combat Tabarie que ses habitants avaient désertée, hormis la minorité chrétienne, il se rua au sud est de la Galilée, pour occuper et refortifier Beîsan, appelée dès lors « le Bessan ».
Ce lieu était, selon les chroniqueurs des Croisades, « sale et malsain, objet d’effroi pour ceux qui l’habitaient et peu agréable aux étrangers ». En terrain hostile, face à l’étendue des contrées méridionales du royaume de Damas, Tancrède et sa poignée de chevaliers choisirent ce lieu maudit comme ultime refuge en cas de danger, mais aussi comme plate-forme pour lancer de fructueuses razzias outre-Jourdain…
S’ensuivit une longue période de calme, au cours de laquelle la ville retrouva quelques habitants. Cette relative tranquillité prit fin avec la montée en puissance de Saladin et ses coups de boutoir répétés contre la frontière orientale du royaume de Jérusalem…

Durant l’été 1182, Saladin posté face à l’armée franque près de la cité de Tabarie, décida d’ouvrir un second front vers le sud et envoya son neveu Farrukh Shah opérer une diversion avec force cavalerie. Le jeune gouverneur de Damas se précipita alors sur la plaine du Ghûr, infligeant à la région un pillage en règle. Il s’attaqua ensuite au Bessan, trouvant la ville « toute déserte ». Selon les chroniques, la ville de Bessan était en temps ordinaire à peu près vide d’habitants, peuplée seulement de la garnison du petit chastelet, qui était au milieu des marais et ne pouvait abriter que peu de gens. Néanmoins, les troupes musulmanes se heurtèrent à une résistance inattendue de la garnison du fortin, laquelle se défendit si bien que le neveu de Saladin préféra lever le siège pour se livrer à de plus fructueux pillages…

Un an plus tard, Saladin quittait une nouvelle fois Damas à la tète d’une armée innombrable. Traversant cette fois-ci le Jourdain au Pont de Dudaire ( Jisr el Mujami ), ses troupes envahirent le territoire franc par la plaine de Beîsan, vaste étendue de bas fonds marécageux, de sources innombrables et de ruisseaux poissonneux. L’héroïque garnison, forte de son expérience de l’année précédente, avait fait preuve de clairvoyance : le fortin regorgeait d’armes et de nourriture. Mais là où elle avait vigoureusement résisté aux assauts de quelques escadrons, elle ne pouvait tenir face à l’armée entière de Saladin. Les chevaliers s’enfuirent donc vers Tibériade. Saladin, trouvant la ville déserte, fit main basse sur tout ce qu’il put et incendia le reste. Il ne semble pas que la forteresse fut réoccupée ensuite par les Francs, qui, de toute façon, perdirent toute cette contrée quelques années plus tard après la bataille de Hattin.

Description

Le site de Beth Shean se compose d’un énorme tell, haut de près de 80 m, sur lequel se trouvent les vestiges des premières civilisations ayant occupé le lieu. Pas moins de vingt villages, en strates de diverses époques depuis le néolithique/chalcolithique (Ve et IVe millénaires avant l’ère chrétienne) jusqu’à l’époque byzantine (VIIe siècle) ont été ainsi découverts.

Assez étrangement, les vestiges du fortin franc sont à rechercher dans la plaine. Cela peut s’expliquer par le fait que, d’après les Chroniques, la forteresse se trouvait vraisemblablement au milieu de marais.

Elle consiste en une tour maîtresse carrée d’une dizaine de mètres de côté. Il semble que ladite tour était entourée jadis d’une enceinte, précédée d’un large fossé dont on décèle encore aisément le pourtour. Le travail franc est reconnaissable à la taille des blocs utilisés, pour la plupart des remplois des constructions de l’antique Scythopolis. Une porte avec arc en tiers pont se trouve sur la face nord de l’édifice.