Yaka

Turquie | Royaume d'Arménie en Cilicie

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Toponymes connus

  • Yaka Turc
  • Güdübeş Kalesi Turc Contemp.
  • Goudbès Kalesi Turc

Description

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Description

Le site de Yaka se trouve dans le district de Tarse, dans la province de Mersin, l’antique Zephyrion. Il est situé à une dizaine de kilomètres au sud-est de Mersin, au nord de l’actuelle grande route menant de cette ville à Adana. Il est tout proche du point où la route franchit le cours du Bokali çay, là où se trouvait un ancien pont en pierre à arche unique. Aussi, même s’il ne domine que faiblement l’ample paysage de la plaine côtière, Yaka est tout de même régulièrement mentionné par les orientalistes avant le début du XXe siècle, ces derniers utilisant pour le désigner les noms de Yaka/Jacha Koï Kalesi ou Goubès/Goudbès/Kudibes Kalesi. Aucune information sur son histoire avant cette période ne nous est parvenue.

De Yaka ne subsistent en élévation que les pans et fragments de murs coffrés contre un ouvrage primitif aujourd’hui presque complètement disparu. Le plan de l’ouvrage primitif peut cependant être lu « en négatif » grâce aux ouvrages postérieurs qui lui ont été accolés, sans doute au cours de deux campagnes distinctes de modernisation.

Il s’agit d’un grand quadrilatère délimitant une surface d’environ 700 m2, cerné d’un mur accosté de tourelles-contreforts pleines de plan rectangulaire aux angles, et probablement de plan carré en milieu des faces. En cela il est très comparable au site proche de Bozcalar qui lui n’a pas subi de transformation.

Le très petit gabarit des tours exclut la présence d’espaces intérieurs. Il est impossible, en l’état des connaissances et des observations, de déterminer l’implantation de la porte de l’ouvrage. La défense du site est renforcée par le creusement dans le rocher d’un petit fossé encore bien visible sur le front nord. Il a sans doute servi de carrière pour la construction primitive et/ou pour les transformations ultérieures.

Dans un deuxième temps, les trois tourelles du front E ont été enveloppées par une nouvelle maçonnerie, dont on conserve aujourd’hui les assises inférieures. Cette campagne de renforcement indique, à l’évidence, le statut privilégié du front est : peut-être était-il plus en vue depuis la route d’Adana à Mersin ; peut-être intégrait-il la porte de l’ouvrage. Ce chantier de renforcement produit curieusement trois tours suivant chacune un plan particulier : quadrangulaire à angles abattus au nord, en fer-à-cheval au centre, quadrangulaire au sud. Grâce à ce chantier les défenseurs disposent de plateformes plus vastes et plus exploitables sur le sommet des tours. Pour autant, ces variations formelles un peu démonstratives pourraient indiquer une motivation tout autant symbolique que fonctionnelle de cette opération de modernisation.

Les deux hauts pans de maçonneries conservées de part et d’autre de l’angle NO du fortin primitif montrent que l’ouvrage a connu une deuxième campagne de remaniement de ses défenses, avec le doublement de ses courtines par une maçonnerie qui garnit alors probablement complètement l’espace entre la saillie des tourelles primitives. Deux sections seulement de ce mur sont aujourd’hui conservées, mais on peut supposer que cette campagne avait pour objectif un renforcement systématique du fort pour former un quadrilatère massif. On peut aussi envisager que le front E, reformulé une première fois, n’ait pas été affecté par ce nouveau chantier.

On peut évidemment supposer que des changements aussi radicaux de parti correspondent à des changements de maîtrise d’ouvrage, dans une temporalité qui peut être plus ou moins longue, et ne peut être précisée. Il est frappant de constater, par contraste là aussi, que ces changements ne s’accompagnent d’aucune évolution notable des techniques de mise en œuvre, au point que Robert W. Edwards a pu considérer que tous les fragments épars sur le site de Yaka appartenaient à un ouvrage homogène.