Anamour
Turquie | Royaume d'Arménie en Cilicie
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Toponymes connus
- Anamour
- Anamorium Latin
- Anamur - Անամուր Armenian
Description
Histoire
Si l’image d’une vaste plaine côtière est souvent associée à la Cilicie, ses frontières, délimitées par les puissants massifs du Taurus et de l’Amanus l’ont doté d’infranchissables remparts naturels, qui longtemps servirent de refuge aux populations ciliciennes. Ainsi, en longeant la côte méditerranéenne vers l’ouest depuis Adana ou Tarse, la route du littoral mène droit vers une région des plus inaccessibles, la Cilicie Trachée.
En cet endroit, le Taurus plonge brutalement dans la mer, interdisant presque toute progression plus à l’ouest. La plaine cotière meurt presque instantanément et de vertigineuses falaises, sur près d’une centaine de kilomètres, forcent à la vigilance tout voyageur désireux de poursuivre par la route maritime.
C’est précisément à la jonction de ces deux systèmes géologiques antinomiques que le site d’Anamour, dès l’Antiquité, fut occupé. Les Romains y bâtirent Anamorium , une ville florissante dont les restes sont encore dominés par une citadelle en ruines, bâtie sur les premiers contrefort du Taurus.
Au VIIème siècle de notre ère, les conquérants arabes dévastèrent la côte cilicienne et ruinèrent la cité. Sous ces coups de boutoirs répétés, l’Empire Byzantin dut progressivement abandonner nombre de ses possessions. Celles de Cilicie et de Cilicie Trachée échurent alors à quelques nobles familles arméniennes, qui façonnèrent l’histoire de la région trois siècles durant. Le royaume arménien, dans son extension maximale s’étendait alors jusqu’à Alanya.
La forteresse d’Anamur appartenait au seigneur arménien Halkam lors du couronnement de Leon Ier en janvier 1198 et resta dans les mains de sa lignée jusqu’aux terribles attaques lancées par le sultanat seljoukide de Roum contre les possessions chrétiennes.
En 1220, le sultan Kaikobad profita des troubles de succession en Cilicie pour s’emparer de toute la partie occidentale du royaume arménien. Les frontières du jeune royaume chrétien furent alors repoussées à hauteur du cap d’Anamour, dont la citadelle fut prise.
Les Arméniens ne devaient jamais retrouver la possession de ce cap si stratégique, le plus méridional de toute l’Asie mineure, et aussi le plus proche de Chypre.
Description
Les restes importants et très bien conservés de la ville antique laissent penser qu’une occupation – même limitée – persista durant son appartenance au royaume arménien. Les églises héritées de l’empire byzantin y sont nombreuses et ne semblent pas avoir subi de quelconques transformations . Une enceinte urbaine protégeait jadis tout le flanc est de la ville tandis qu’un aqueduc assurait son approvisionnement en eau.
Il n’est pas aisé de gagner l’ensemble fortifé chargé de contrôler cette passe littorale. La citadelle, bâtie en schiste, présente d’importantes similitudes avec celle de Sik, non loin de là. Deux enceintes concentriques enferment un espace réduit couronnant le cap, offrant une vision panoramique sur la route côtière. En regardant vers l’est, on aperçoit l’éperon derrière lequel, comme en embuscade, les défenseurs de la citadelle de Sik défendaient l’entrée en Cilicie arménienne…
Par endroits, les portions de courtines qui courent encore dans une végétation impénétrable sont encore crennelées.
Avant d’atteindre Sik – le Softa Kalesi actuel – le route passe devant la citadelle dite d’Anamur. Cette dernière date de l’époque ottomane et n’a de commun avec celle sise sur le cap précédemment étudié que le nom.